Premiers pas au Laos

Pas d'accent, desolee  

 Depart d'Hanoi fin novembre. Je passe sur les 3h a essayer de quiter la capitale. Hanoi, comme toute ville ou presque est un bon plan galere pour en sortir en stop.

S'en suit du plat pendant plus de 150 km puis, alors que le soleil disparait, les montagnes emergent de la plaine. Leurs contours rosissent peu a peu. Pour une premiere nuit bivouac au Vietnam la vue n'est pas trop mal!

Lendemain matin, derniers moments au Vietnam

   Poste frontiere : Alors que je remplis les papiers pour le visa laotien, une case m'interpelle, celle avec la mention "Race". Je la laisse vide me disant que le formulaire n'a pas du etre mis a jour depuis l'epoque coloniale! Le policier n'est pas de cet avis et me retends le papiers en me faisant remarquer mon oubli. Ok bon si j'ecris homo sapiens sapiens ca passe? J'hausse les epaules lui montrant que je ne sais vraiment pas quoi repondre. Il a l'air pris au depourvu, ce qui me laisse pensive, qu'on bien pu repondre les autres occidentaux avant moi? Blanc? Yovo? Caucasien? Occidental? Toubab? Ex colon? C'est pas tout mais le monsieur s'impatiente. Il attend une vraie reponse... Je tente un "french" hesitant. Il a pas l'air convaincu non plus mais soulage d'avoir quelque chose il se hate d'ecrire ca. C'est pas comme si c'etait pas deja marque dans la case nationalite du dessous mais passons... Tout ca me fait penser a un post facebook ( oui bon on a les references qu'on peut!) disant que la seule race qui existe est celle qu'on se met le samedi soir. (Dedicasse a mum twix!)

    Apres ces quelques formalites je me lance sur la route qui d'ailleurs a bien plus des allures de piste. Durant 3h pas une seule voiture. Alors je flane en marchant. Des vielles se lavent dans la riviere en contrebas, Je me dis qu'un brin de toilette ne me ferait pas de mal non plus. On se salut grands sourires. Puis je sens leurs regards inquisiteurs cherchant a voir ce que cache le foulard autour de ma taille. Oh mamies, a quelques poils blancs prets on a les memes! Elles rient et, debalant des sachets de riz gluant, de sel au cacahouette et d'epinards bouillis, m'invitent manger. On est assises dans l'herbe, a l'ombre d'un de ces arbres enroules sur eux memes. La premiere heure au Laos est pour le moins tres sympa! Une fois repas termine et pipes fumees, les trois retroussent leurs pantalons et s'en vont dans la riviere a la recherche d'ecrevisses. Je les observe un moment puis reprends mon chemin.

   Autour de la route ou toujours personne ne semble vouloir rouler, la jungle semble impenetrable. Je traverse des petits villages tout construit de bambous.

Puis, enfin, un pick-up ( blanc bien sur!) passe et s'arrete, me permettant de quitter la vallee en debut d'apres-midi.

Les deux jours suivants sont consacres a traverser le parc national de Phou Loei. La route est un chemin de terre serpentant a travers montagnes et vallees. De ci de la quelques maisons sur pilotis sont construites en bord de route. Des enfants nus se lavent dans les ruisseaux. Des femmes portent des plantes dans de grands paniers attaches a leurs dos. J'ai bien conscience que ce mode de vie existe non pas par choix mais par pauvrete. Deja les plus aises construisent "en dur". Pourtant je suis heureuse de voir ce style d'habitation tant qu'il existe. Mes criteres esthetiques sont sans doute plus correles a l'exotisme qu'au confort mais je trouve bien plus de charme aux maisons traditionelles.

dodo dans un abri en bambous

   En dehors des villages, des pans entiers de forets manquent. Par endroits des arbustes repoussent mais en d'autres lieux la vegetation ne semble pas vraiment reconquerir le substrat. Ces "forets mortes" me rappellent que cette zone frontaliere avec le Vietnam a ete arrosee d'agent orange il y a 50 ans. Peut etre s'agit il simplement de deforestation. Pourtant, quand sur des dizaines d'hectares des epaves d'arbres gigantesques gissent vers le ciel, je me dis que les forestiers n'auraient sans doute pas laisse les plus gros troncs. 

De 1962 a 1971 c'est environ 80 milions de litres de defoliants qui ont ete deverses sur 3,3 milions d'hectares ( source : Le Monde selon Monsanto, M.-M. Robin). On sait a present que 'la dioxine agit a l'interieur des celules comme une hormone qui favorise le developpement de malformations et de maladies". Monsanto continu de nier le lien entre exposition a la dioxine (principal composant de l'agent orange qu'il a vendu pendant la guerre au Vietnam) et les malformations congenitales. Pour les chiffres, au Vietnam on recence 150000 enfants avec une malformation.

Bon j'arrete de paraphraser et vous conseille vivement de lire l'ouvrage de M-M Robin!